3 questions à Pauline PROBOEUF, auteure du mémoire en sociologie intitulé "Etudier le choix en train de se faire. Une analyse de la fabrication des choix d'orientation post-bac".

Pauline Proboeuf a enquêté à deux reprises auprès de 27 étudiants de Terminale S ou ES dans deux lycées de la région parisienne (un lycée favorisé et un lycée socialement et scolairement hétérogène). Son mémoire a été récompensé dans le palmarès du 27e prix annuel de l'Observatoire national de la vie étudiante.

Dans son mémoire, Pauline Proboeuf a repéré 3 types de comportements face au choix d'orientation :
- Les indécis ont en général des difficultés scolaires. Ils sont plus centrés sur le Bac que sur leur orientation, d'où un manque d'intérêt par rapport au choix d'études.
- Les convaincus font un choix qui s'inscrit dans « une biographie sociale et culturelle fortement maîtrisée », avec une grande importance de la « reconnaissance sociale qui suit la tradition ». Une partie du travail d'orientation est d'ailleurs déléguée aux parents.
- Les réflexifs, dans les classes supérieures, tentent d'échapper aux attentes que l'on projette sur eux et étudient plusieurs voies d'orientation possibles, y compris via  leur réseau. Dans les classes populaires, le choix des réflexifs s'inscrit dans « une trajectoire d'ascension sociale » qui les conduit vers des formations sélectives et prestigieuses. Ils sont bien renseignés par des interlocuteurs privilégiés ainsi que leurs réseaux associatifs.

Bachelors Booking : Pouvez-vous décrire le rôle de l'information chez ces 3 types de population ?

Pauline Proboeuf : Les « indécis » ont un stock d'informations faible. Leurs difficultés scolaires les amènent à se focaliser sur leur charge de travail. Ils n'ont pas le temps de se concentrer sur l'orientation. Ils devraient donc bénéficier d'un accompagnement supplémentaire pour s'informer.
Les « convaincus » ne sont pas ouverts aux différentes sources d'information puisqu'ils ont fait leur choix très en amont. Ils s'informent moyennement.
Les « réflexifs », au contraire, croisent de nombreuses sources d'information : les informations des écoles, les classements, les témoignages des proches et de l'entourage. Ils essaient d'identifier précisément les formations possibles.

Bachelors Booking : Quel est le rôle des professeurs principaux dans le choix des Terminales ?

P.P. : Il est assez important. Les professeurs ré-haussent en général les ambitions des étudiants socialement moins favorisés et ils ont aussi tendance à « cadrer » les vœux des étudiants scolairement forts. Mais comme ils ne sont pas conseillers d'orientation, ils ont tendance à conseiller les études qu'ils connaissent le mieux, à savoir les classes préparatoires et les voies d'excellence. Or, il y aurait tant d'autres voies à explorer. De plus, le niveau scolaire ne veut pas tout dire. Il n'est pas ce qui fait la vie d'un étudiant.

Bachelors Booking : Font-ils appel aux conseillers d'orientation ? Que manque-t-il dans les lycées en matière d'information ?

P.P. : Très peu d'étudiants les mobilisent car certains lycées, notamment en région parisienne, n'ont pas de conseiller(ère) d'orientation associé(e) au lycée. Les COP ont parfois plusieurs lycées à leur charge, ce qui participe à leur manque de visibilité. Cela conduit aussi à un manque de connaissance des élèves demandeurs quand un suivi serait nécessaire pour des conseils efficaces. Quant à l'information des étudiants, une présentation en classe de l'ensemble des sources d'information serait utile. A partir de là, les étudiants pourraient faire leurs propres recherches.